Il y a plein de façons d’avoir de belles plantes dans son jardin : prendre soin du sol et prendre soin des plantes. Dans cet article, j’aimerais vous faire (re)découvrir une technique de jardinage bio et naturel pour favoriser le développement de vos plantes potagères : les purins de plantes ou extraits fermentés. Faciles à faire et efficaces, vous serez prêt.e à prendre soin de vos semis et de vos plantes dans les semaines qui suivent et ainsi favoriser l’abondance dans vos potagers et jardins.
Favoriser la fertilité au potager
De quoi parle-t-on quand on parle de la fertilité au potager ? C’est un thème très large qui recouvre plein d’aspects : des amendements aux engrais en passant par les purins de plantes, sujet principal de cet article. Dans le jardinage permaculturel, on prend soin du sol et on cherche donc à favoriser la fertilité du sol avant la fertilité des plantes. Cela revient à nourrir tout un écosystème et notamment l’écosystème sol. Les amendements permettant d’enrichir les sols sont nombreux : compost, fumiers, engrais verts, BRF, paillages, etc.
Dans le jardinage traditionnel, on cherche plutôt à nourrir les plantes et notamment en nourrissant directement les plantes avec de engrais liquides, concentrés (et souvent encore transformés par l’industrie chimique 😅). On aborde donc traditionnellement la fertilité par les plantes plutôt que par le sol car les plantes ont besoin de sels minéraux pour vivre, même si la fertilité du sol va favoriser la fertilité des plantes.
Les besoins des plantes : le fameux trio NPK
Qui n’a jamais entendu parler du fameux trio NPK pour nourrir les plantes ? Un petit rappel sur qui est qui, et qui fait quoi. Personnellement, je confonds toujours P (phosphore) et K (potassium). Mais je vais vous donner un petit moyen mnémotechnique pour ne plus les mélanger 😉.
NPK : l’azote (N), le phosphore (P) et le potassium (K) sont les 3 principaux sels minéraux dont les plantes ont besoin :
- L’azote dont le symbole est N (pour « Nitrogen » en Anglais)
A quoi sert-il ? A la croissance des feuilles, des tiges et des rameaux. Il est nécessaire en grande quantité au démarrage des cultures, dans les premières semaines de croissance.
Qu’est-ce qui est riche en azote ? Tout ce qui est mou, vert, tendre et jeune (tontes de gazon, Les déchets de cuisine), mais aussi la fiente de volaille, les plantes de la famille des fabacées (légumineuses), l’urine et l’ortie.
- Le phosphore, dont le symbole est P
À quoi ça sert pour la plante ? Il favorise sa croissance, comme l’azote, et il est nécessaire en quantité importante. Il favorise également le développement des racines : ce qui facilite l’alimentation et la croissance des plantes. Il permet aussi la fécondation et la fructification.
Où trouve-t-on du phosphore ? Dans la fiente de volaille, dans le compost ménager et dans la consoude. Les ongles, os, plumes, arêtes de poisson sont riches en phosphore animal.
- Le Potassium qui a pour symbole K, parce que cela vient du latin « kalium » (maintenant impossible de l’oublier 😉)
À quoi ça sert ? À renforcer les plantes, à faciliter la photosynthèse, et à réguler l’eau. Les plantes en ont besoin de manière conséquente.
Où trouve-t-on du potassium ? Dans la fiente de volaille (décidément, c’est une mine d’or !), dans le compost ménager (aussi tellement précieux au potager, on en reparlera en détail dans un futur article), dans la cendre (à utiliser avec parcimonie, soit une petite pelle par m² et par an à répandre à la fin de l’hiver), dans la consoude qui est la reine du potassium !
Qu’est-ce qu’un purin de plantes ?
Les purins de plantes, aussi appelés « extraits fermentés », sont des phyto-stimulants efficaces et constituent une façon appropriée pour remplacer les engrais chimiques au jardin. Ils sont faciles à faire, même si on en trouve aussi dans le commerce. Voici les 3 principaux purins de plantes :
- le purin d’ortie, riche en azote, utile au démarrage des plantations ;
- le purin de consoude, riche en potassium et phosphore, plus équilibré que le purin d’ortie en sels minéraux ; on pourra alors l’utiliser après le purin d’ortie ;
- le purin de prêle est un stimulant pour tout type de plantes ; il est riche en silice, en potasse et en calcium.
On peut aussi faire des extraits fermentés avec la tanaisie, l’absinthe et la lavande, qui sont utilisées comme insectifuges, notamment contre les pucerons.
Faire et utiliser les purins de plantes
Faire ses propres purins
Il faut un kilo de plantes fraîches pour 10 litres d’eau : eau de pluie ou de source, mais de l’eau non chlorée.
Dans un grand récipient, les plantes sont finement découpées, le plus possible, au couteau, au sécateur ou à la cisaille. On rajoute ensuite l’eau et on brasse au démarrage.
Le purin est ensuite installé à la mi-ombre et doit être brassé tous les jours. On compte le temps de fermentation à partir de l’apparition des premières bulles. Voici un tableau résumant les durées de fermentation selon le type de plantes :
Plante | Temps de fermentation indicatif |
---|---|
Absinthe | 8 à 10 jours |
Consoude | 8 à 10 jours |
Lavande (aspic ou altifolia) | 10 à 12 jours |
Ortie | 8 à 10 jours |
Prêle | 8 à 15 jours |
Tanaisie | 6 à 8 jours |
Les temps de fermentation vont varier en fonction de la température extérieure. La température minimale pour démarrer le processus est entre 13 et 15° et la température idéale est située entre 20 et 25°. Plus il fait chaud, plus ça va vite. S’il ne fait pas assez chaud, ça prend trop de temps. C’est pour ça qu’il faut bien surveiller la préparation. A la fin de la durée de fermentation, l’extrait est prêt à être utilisé ou à être stockés, après avoir été filtré.
Utilisation et dilution
Pour utiliser les extraits fermentés, il faut les diluer à 10-20% avec de l’eau de pluie :
Plante | Dilution et utilisation |
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Absinthe | 20% en pulvérisation sur les chenilles et les pucerons |
Consoude | Pur contre les pucerons 5% en pulvérisation pour stimuler les jeunes plants 10% en arrosage pour favoriser la croissance et la maturation |
Lavande (aspic ou altifolia) | 10% contre les pucerons et les fourmis |
Ortie | 15% en arrosage ou en pulvérisation pour favoriser la croissance des plantes à la plantation |
Prêle | 5% pour renforcer les plants 10% : préventif contre les maladies cryptogamiques 20% : en arrosage contre la chlorose |
Tanaisie | 10% en pulvérisation comme insectifuge |
Quand ne pas les utiliser
Dernier conseil d’utilisation : arrêtez d’utiliser les purins dès qu’il faut trop chaud ou trop sec car les plantes entrent en phase végétative en cas de canicule ou de sécheresse. Si on les arrosait dans ces situations, on n’obtiendrait pas le résultat attendu. La plante ne profitera pas des effets bénéfiques du purin car elle est en train de se protéger de la chaleur ou du sec.
Stockage des extraits fermentés
Pour stocker vos purins, le liquide filtré est à verser dans des bidons en plastique qui ferment bien. Vous pouvez les mettre à la cave, en tous cas à l’abri de la lumière et au frais. Ils sont utilisables pour toute la saison. Il faudra vérifier que ça ne gonfle pas trop à cause des gaz de fermentation. Si c’est le cas, il suffira alors de dévisser un peu le bouchon.
Pour conclure : à vous de jouer !
En résumé, les extrais fermentés sont des phyto- stimulants qui favorisent la croissance et le bon développement de vos plantes et qui sont à utiliser dans la phase de développement et tant qu’il n’y a pas de canicule ni de sécheresse.
Ici, au Cortillet Permacole, j’ai de la consoude et de l’ortie à cueillir : je vais donc faire ces deux purins, que j’utiliserai l’un après l’autre. Si j’ai le temps d’aller chercher de la prêle, ça peut être intéressant d’en faire.
De votre côté, je vous invite maintenant à faire vos tests et, encore une fois, à faire ce qui est pour vous le plus simple, à faire avec ce que vous avez à votre disposition, et là où va le bon sens. Peut-être allez-vous simplement en acheter cette année pour tester ?
Dans les cas, leur utilisation favorisera la fertilité et l’abondance de votre jardin, naturellement.