Pourquoi mettre des fleurs dans son potager ou dans son jardin ? Quelles fleurs et plantes mettre ? A quelle période ? Dans ce nouvel article, explorons le thème des fleurs au jardin avec les fleurs annuelles et les plantes vivaces mellifères. Ainsi, vous pourrez augmenter rapidement et durablement la biodiversité dans votre jardin. Objectif régénération !

Cultiver au potager avec les fleurs

« Pourquoi mettre des fleurs dans son potager ?». La réponse vous est évidente ? Ou pas du tout ? Quoiqu’il en soit, les fleurs ont toute leur place au potager et c’est un grand avantage. Je me souviens du jardin de mon grand-père qui plantait et semait des fleurs dans son potager pour faire plaisir à ma grand-mère…Je revois en particulier les pensées, les muscaris et les iris…On pourrait dire que les fleurs au potager sont une question de beauté, une façon d’habiller certains endroits, ou encore de valoriser les bordures…

Les fleurs au potager, c’est aussi une question d’associations favorables : certaines fleurs sont réputées protéger certaines plantes. Citons les deux plus connues :

  • les tagètes sont nématicides et, par exemple, protègent les tomates du nématode du genre Meloidogyne, les fraisiers des nématodes du genre Pratylenchus ; Tagetes petula ou œillet d’Inde serait le plus intéressant en association ; on peut aussi utiliser les tagètes pour « nettoyer » une parcelle des nématodes avant une culture.
  • la capucine est une plante refuge efficace car elle héberge des chenilles et des pucerons qui donnent à manger à leurs prédateurs naturels pendant toute la saison.

Les fleurs pour la biodiversité

Dans le jardinage biologique, mettre des fleurs est synonyme de biodiversité. Car, comme chacun.e le sait, plus y a de fleurs dans un jardin, plus il y d’insectes auxiliaires pour le jardinier et la jardinière. Et la liste des fleurs dites « plante hôte d’insecte auxiliaire », qui sont souvent aussi mellifères, est longue ! En voici quelques-unes à mettre dans votre potager pour favoriser la biodiversité :

  • l’angélique (à mettre dans un coin du jardin) qui attire beaucoup de pollinisateurs mais qui a un fort pouvoir allélopathique,
  • la bourrache dont on reparle en détail ci-dessous,
  • la cardère qui est aussi une plante auxiliaire pour les oiseaux,
  • toutes les lamiacées : menthe, origan, lavande officinale, hysope, mélisse, etc.
  • et encore la centaurée, le coquelicot, la coriandre, la marguerite, la rose trémière la tagète et les zinnias, etc, etc.

Bref, la liste est vraiment longue, nous n’avons que l’embarras du choix. Sans compter les fleurs spontanées ! Le chardon, le pissenlit, l’ortie, la potentille, la picride épervière, la matricaire inodore, et la ronce…que nous laisserons fleurir au printemps quand les insectes ont peu à manger et, peut-être, s’installer, dans la limite de nos capacités à désherber, de notre patience ou de notre côté punk ! Par exemple, pour l’ortie, le plus simple est de la faucher avant qu’elle ne monte en graine : elle aura eu le temps d’accueillir les chenilles des papillons qui y nichent sans nous envahir au potager.

abeille sur angélique
Abeille butinant une fleur d’Angélique

Privilégier une floraison abondante et étalée

Comme l’écrit Blaise Leclerc dans « Légumes et canicule », il s’agit de « recréer constamment un équilibre écologique ». Face au réchauffement climatique et à l’effondrement de la biodiversité, fleurir nos potagers et nos jardins est une excellente stratégie. C’est pourquoi, les plantes à fleurs, vivaces ou annuelles, doivent être nombreuses et variées. La variété assure aussi une floraison étalée pour pouvoir apporter de la nourriture aux insectes du printemps à l’automne. Nous sommes aussi gagnants qu’eux : à nous la beauté, à eux la nourriture !

Voici dans le tableau ci-dessous des exemples de plantes à fleurs fleurissant au fil des saisons, le tableau incluant aussi des arbres et des arbustes. Les fleurs sont indiquées en gras.

Printemps

Ajonc d’Europe, Amandier, Aubépine, Bois gentil, Bouleau, Bourse-à-pasteur, Cardamine des prés, Chèvrefeuille, Consoude, Consoude ibérique, Coriandre, Cornouiller mâle
Euphorbe, Ficaire, Hellébore d’hiver, Houx, Lamier pourpre, Lauréole, Laurier-tin, Mercuriale annuelle, Mouron blanc, Noisetier, Pâquerette
Pensée des champs, Phacélie, Pissenlit, Prunellier, Prunier myrobolan, Pulmonaire officinale, Romarin, Sarrasin, Saule, Séneçon commun, Sureau
Été

Bourrache, Capucine, Carotte sauvage, Chèvrefeuille, Cosmos, Fenouil, Œillet d’Inde, Phacélie, Tournesol, Zinnia
Automne

Arbousier, Aster, Bruyère, Eupatoire, Laiteron, Lamier pourpre, Lierre, Liondent d’automne, Mercuriale annuelle
Mouron blanc, Moutarde noire, Origan, Pâturin annuel, Phacélie, Topinambour

Source : « Légumes et canicule », Blaise Leclerc, Terre Vivante, 2021

Des fleurs multifonctions à implanter au jardin avec la permaculture

Avec la permaculture, on peut aller encore un peu plus loin. Non seulement on cherche à faire des associations favorables au potager, à valoriser les bordures en y mettant des fleurs annuelles et des vivaces mellifères, mais surtout on crée volontairement un écosystème complet, ultra favorable à l’abondance au potager et à la biodiversité au jardin.

En particulier, concernant les fleurs, on peut facilement appliquer et rendre concret le principe de permaculture disant qu’ « un élément remplit plusieurs fonctions ». Les plantes en général, et ici, les fleurs nous rendent de multiples services. Je vais alors soigneusement choisir ces plantes qui ne sont pas seulement belles et que j’aime mais aussi celles qui sont multi-fonctions. Ce sont donc des plantes qui rendent plusieurs services à l’écosystème en même temps. Voici quelques exemples de fleurs caractéristiques au potager permacole :

  • La bourrache est une plante mellifère, à tel point qu’on l’appelle « bee bread » en anglais. Elle est aussi est hôte des insectes auxiliaires ; elle est également tapissante et fait remonter les minéraux grâce à sa forte racine pivot. Enfin, elle est comestible : les calices ont un petit goût d’huitre, les jeunes feuilles crues un goût de concombre.
  • L’hémérocalle, ou lys des rocailles, est une plante vivace appréciée pour sa magnifique fleur ; en plus d’être ornementale, elle est comestible (tubercules, feuilles, boutons floraux et fleurs). On consomme les jeunes tubercules poussant en périphérie, les boutons floraux se mangent comme des asperges. C’est aussi une plante tapissante, anti-érosion, très facile de culture et demandant très peu d’eau.
  • La mélisse citronnelle ou mélisse officinale : faisant partie de la famille des lamiacées, la mélisse est très mellifère. Comme autres services écosystémiques, elle est aussi tapissante et anti-érosion. C’est bien entendu aussi une plante médicinale qui est aussi appréciée pour son parfum.
  • La phacélie, une des mes fleurs préférées, est une plante très mellifère. Elle est aussi l’hôte de nombreux insectes auxiliaires. Sa floraison est précoce et étalée. Surtout, la phacélie est un engrais vert qui contribue à améliorer rapidement la structure du sol grâce à son fort système racinaire.
phacélie
Phacélie à feuilles de Tanaisie

Pour conclure avec les fleurs : à planter et semer sans modération !

On l’aura compris : les fleurs au potager et au jardin, qu’elles soient annuelles ou vivaces sont un élément essentiel pour installer facilement une grande biodiversité botanique et rapidement faire venir tous les insectes auxiliaires. Le potager devient un jardin riche en biodiversité, un espace de régénération pour tous les êtres vivants.

Pour aller plus loin

  • Mon potager de vivaces, Aymeric Lazarin, Terre Vivante
  • Plantes compagnes au potager bio, Sandra Lefrançois et Jean-Paul Thorez, Terre Vivante
  • Légumes et canicule, Blaise Leclerc, Terre Vivante
  • et bien sûr le Kit Caragana de l’Atelier des Alvéoles pour créer votre jardin nourricier ! https://alveoles.fr/fiches-plantes