Nous sommes à la mi-juin, et l’été calendaire est dans quelques jours ! Il a beaucoup plu ces dernières semaines en Haute-Savoie (et dans bien des régions de France), mais les chaleurs arrivent. Je vous invite donc à préparer l’arrosage de votre potager cet été pour arroser mieux en moins en 4 conseils essentiels à découvrir ci-dessous !
CONSEIL 1 : PAILLER ABONDAMMENT POUR LIMITER LES ARROSAGES
En permaculture, mais pas seulement, une des pratiques habituelles est de pailler le sol, comme les feuilles qui recouvrent le sol dans la forêt.
Pailler permet de faire des économies de l’ordre de la moitié des besoins en eau pour l’arrosage l’été, selon Terre Vivante. Pour cela, il faut pailler abondamment en mettant des couches de 15 à 20 cm, surtout en cas de canicule ou de sécheresse. Foin ou paille ? Personnellement, je paille avec du foin, car il a un rapport carbone/azote bien équilibré. Mais en été, on peut tout à fait pailler avec de la paille seule ou un mélange de tonte de gazon et de paille. Le bon sens vous invite à pailler avec ce que vous avez de plus facilement disponible.
CONSEIL 2 : ARROSER ABONDAMMENT ET REGULIEREMENT SANS ARROSER TOUS LES JOURS ET EN FONCTION DE SON SOL
Qu’est-ce qu’arroser ?
Arroser c’est avant tout donner à boire aux racines de la plante, les racines étant la seule partie de la plante qui sont capables de faire remonter l’eau dans le reste de la plante. Arroser, c’est aussi arroser le sol et toute la vie qu’il y a dedans. Toute cette vie participe à la chaîne de nutrition de la plante.
On peut bien sûr aussi arroser les feuilles si on est surs qu’elles vont avoir le temps de sécher. Arroser les feuilles c’est donner un coup de boost d’humidité aux feuilles de la plante, comme quand il pleut. Les gouttes d’eau de pluie envoient un signe de croissance à la plante car c’est au niveau des feuilles que la photosynthèse se fait. On reparle d’arrosage au pied des plantes dans le conseil n°3.
A quelle fréquence arroser ?
S’il y a une seule chose à ne pas faire, c’est arroser tous les jours. Pourquoi ? Parce que cela empêche la plante de s’enraciner en profondeur et d’être capable d’aller chercher elle-même l’eau. Il faut donc apprendre à nos plantes à avoir moins d’eau, mais pas au démarrage (semis et plantation. Et aussi, si l’arrosage est insuffisant, cela ne permettra pas à la plante de grandir. A contrario, s’il est excessif, cela pourra provoquer des maladies.
En quelle quantité arroser ?
Un petit arrosage par ci par là ne sert à rien. Selon Olivier Puech, en situation normale, soit à 23°-28°, sans vent, avec un soleil doux, les plantes ont besoin de :
- 2 à 3 l / m² au stade végétatif
- et de 4 à 6 l/m² au stade de la fructification.
Il faut arroser abondamment : 10 à 15l d’eau par m² en une seule fois, comme après une « bonne pluie ». Une bonne pluie correspond à 10 à 15mm dans le pluviomètre : c’est une quantité suffisante pour ne pas avoir à arroser après une pluie.
Olivier Puech donne les chiffres suivant en fonction du type de sol :
- en sol argilo-limoneux, on peut faire un seul arrosage abondant de 10 à 15 litres par m² une fois par semaine ;
- en sol limoneux ou sableux, on arrose en une seule fois 5l à 6 l/m²mais tous les 2 à 3 jours.
Donc on arrose abondamment et régulièrement. C’est pour ça que ça peut prend du temps, en fonction de la surface et de la façon d’arroser !
A observer et à faire pour savoir quand arroser
Il faut observer si le sol en a besoin. On gratte alors le sol à 1 ou 2cm pour sentir s’il faut arroser. Si c’est humide, on n’arrose pas. Si c’est sec, on arrose.
On observe aussi l’état du feuillage. Une plante qui a les feuilles flétries pendant la journée n’est pas en train de mourir mais au repos : elle a fermé ses stomates (ouvertures situées sur la face inférieure des feuilles) et a bloqué la photosynthèse pour se protéger de la chaleur. C’est un signe normal. Si vous allez au jardin le soir, les feuilles seront remontées. Si le feuillage est flétri le soir et qu’il reste flétri le matin, il faudra alors arroser.
Bien évidemment les arrosages sont fonction de la météo, qu’il faudra aussi bien observer. Si l’été est très chaud ou très sec, vous devrez sûrement arroser plus.
CONSEIL 2 : ARROSER AU PIED DES PLANTES
On va d’abord distinguer ici l’arrosage au pied ou par aspersion.
L’arrosage au pied
L’arrosage au pied a beaucoup d’avantages :
- Il concerne les racines qui sont les seules parties de la plante capables de remonter l’eau, comme on l’a déjà dit ;
- Il permet d’être plus économe en eau, car on cible le pied de la plante ;
- Il permet d’éviter les maladies car les feuilles ne sont pas arrosées ;
- On peut arroser sur des plages horaires plus larges parce que ça ne s’évapore pas tout de suite (contrairement à l’aspersion) ;
- Il limite le développement des plantes adventices, les mauvaises herbes, qui sont moins ou pas arrosées.
L’arrosage au pied se fait :
- soit à l’arrosoir ;
- soit directement au tuyau, mais en limitant la pression et le débit,
- soit encore en installant un système de goutte-à-goutte.
L’arrosage par aspersion
L’arrosage par aspersion – ou au jet – permet d’imiter la pluie, de créer une atmosphère humide et ainsi de stimuler les feuilles.
Quand on arrose par aspersion, il faut alors être surs que les feuilles auront le temps de sécher pour ne pas que les maladies se développent. Par exemple, le mildiou se développe en 10 heures. Donc s’il fait très chaud et que vous arrosez par aspersion le matin, ce n’est pas un problème. Si vous faites de l’aspersion, c’est en petit volume, pour créer une atmosphère d’humidité.
L’idéal serait de pouvoir faire les deux : arroser en général au pied et un peu d’aspersion le matin par temps de canicule pour faire baisser temporairement la température de l’air vers les plantes. Si vous arrosez au pied et que quelques orages apportent un peu de pluie, ce devrait être bien !
L’art d’arroser à l’arrosoir
Je vous conseille d’arroser au pied des plantes en général à l’arrosoir ou au goutte-à-goutte, dont on va parler juste après. Si on choisit l’arrosoir, on passera alors plusieurs fois : on ne vide pas l’arrosoir au pied d’une plante mais on passe plusieurs fois avec plusieurs arrosoirs jusqu’à ce que la plante ait eu ce dont elle a besoin, et en fonction du niveau d’humidité du sol.
Si vous videz tout un arrosoir, disons de 12 litres, au pied d’un plant de tomate par exemple, non seulement c’est trop pour la plante mais elle n’aura pas le temps de l’absorber et d’en profiter. Donc passez plusieurs fois en versant un peu à chaque pied à la fois et répétez le passage au moins 2 fois minimum. Les quantités d’eau par m² varient selon les approches et selon les besoins des plantes mais basons-nous sur le conseil de Xavier Mathias : environ 15l par m² en une fois. Donc, pour une planche de 4m², ça pourrait faire 4 passages avec un arrosoir de 12 litres à chaque fois.
Installer et régler son goutte-à-goutte
Arroser à l’arrosoir permet de faire un arrosage précis, qui permet de bien savoir comment va notre potager. Mais ça prend vite beaucoup de temps ! Et que les arrosoirs sont lourds ! Depuis que j’ai installé un goutte-à-goutte, ça a libéré beaucoup de temps passer au jardin le matin, malgré le plaisir que j’ai à être dehors.
Installer un goutte-à-goutte est simple et pas excessif côté budget. Il faut bien faire attention à la pression de l’eau pour être sur.e que l’eau va bien aller jusqu’au bout du parcours que vous allez installer pour arroser.
J’ai choisi des asperseurs sur lesquels on peut régler le débit de 0 à 70 litres / heure. Si on rajoute un programmateur, on peut s’absenter ou partir en vacances sereinement !
CONSEIL 3 : ARROSER DE PREFERENCE LE MATIN ET A L’EAU DE PLUIE
Quand faut-il arroser ? Quel grand débat !
En été, vous pouvez arroser le matin entre 6h30 et 8h00 ou le soir à partir de 19h00. Je vous conseille le matin, si possible pour vous, pour éviter les maladies et parce que les plantes font la photosynthèse le matin (et utilisent l’eau pour cela). Sinon, arrosez le soir en prenant soin de ne pas arroser les feuilles.
Pour être plus précis, il faut savoir que la capacité des plantes à s’alimenter en eau est directement lié aux mouvements d’ouverture et de fermeture des stomates. Les stomates participent à la photosynthèse et libèrent des gaz utilisés dans la photosynthèse quand elles s’ouvrent. En s’ouvrant, elles créent aussi un mouvement d’aspiration de la sève vers le haut. La photosynthèse étant fonction de l’ensoleillement, l’arrosage le matin sera donc globalement plus efficace qu’un arrosage le soir. CQFD 😉
Avec quelle eau arroser ?
On entend souvent que c’est mieux d’arroser avec de l’eau de pluie et que l’eau tuyau n’est pas à la bonne température pour les plantes et que cela peut créer un stress pour les plantes.
Si vous avez la possibilité de stocker l’eau dans des contenants où elle pourra se réchauffer un peu et aussi s’oxygéner, c’est mieux.
Sinon, faites de votre mieux en ayant ça à l’esprit.
DES ARROSAGES SPECIFIQUES EN FONCTION DES BESOINS DE PLANTES
Bon, si c’était simple, ça se saurait 😉, les plantes ayant des besoins différents en fonction de leur stage de développement (un peu comme nous les humains, en fait !), on peut aller plus loin sur ce sujet. Voici des conseils pour arroser plus précisément vos plantes :
- On arrose plus souvent les semis au début ;
- On arrose bien les plantes qui ont leurs fleurs pour les aider à se transformer en fruit (fructification), une plante qui a des fleurs ne doit pas être « stressée » ;
- Et on arrose évidemment en fonction des besoins de la plante.
Quelques conseils généraux :
- Pomme de terre : arroser surtout quand les pommes de terre sont fanées car c’est à ce moment-là que les tubercules se forment ;
- Tomates : arroser une fois par semaine suffit en temps normal ; arroser au pied ;
- Courgettes : arroser plus dès qu’il y a des fleurs.
- Haricots Verts : arroser plus dès qu’il y a des fleurs.
- Fleurs : arroser les semis souvent.
- Maïs : arroser abondamment au début
- Courges : n’ont pas besoin d’arrosage en théorie…
Pour aller plus loin, voici un tableau à télécharger reprenant les besoins en eau des principales plantes au potager.
EN CONCLUSION
- Arroser abondamment ;
- Arroser au pied en général et par aspersion de temps en temps si les feuilles ont le temps de sécher ;
- Arroser en fonction des stades de développement ;
- Si une plante à les feuilles qui flétrissent, c’est normal, elle se protège ;
- Vérifier l’humidité du sol avant d’arroser en grattant avec un couteau ou un plantoir au pied de la plante ;
- Pailler, pailler et pailler !
Arroser c’est une vraie expérience pour se faire confiance et faire confiance aux plantes. Quand on voit une plante qui n’est pas bien, on a peur qu’elle meure, alors on l’arrose. C’est normal, c’est comme un réflexe de survie. Mais, du coup, la plante est surement trop arrosée. Ça m’arrive très souvent personnellement. Et vous ?
Quoiqu’il en soit : faites du mieux que vous pouvez, amusez-vous et aimez vos plantes !
Cet article est inspiré par :
- la chaîne Youtube de Xavier Mathias (que j’adore) et notamment par 3 vidéos sur l’arrosage ; première vidéo de la série : https://www.youtube.com/watch?v=E-iWfj-PPGc
- la formation des Alvéoles (que j’adooore aussi) sur le potager à la sauce permacole : « Concevoir et aménager son potager en permaculture ». Pour aller plus loin : https://cours.universite-alveoles.fr/potager/
- Le livre d’Olivier Puech : « Les 10 clés d’abondance au potager d’Olivier », Terre Vivante