En ce mois de décembre, à l’approche de l’hiver, je ressens le besoin de ralentir, de me reconnecter à un rythme plus « naturel » et à moi-même, comme me le permet la pratique de la pleine conscience. C’est pourquoi j’ai choisi de publier dans ce blog un article plus personnel sur les liens que je vois entre la méditation de pleine conscience et la permaculture et de partager cette vision avec vous.
Qu’est-ce que la méditation de pleine conscience ?
La méditation de pleine conscience est une pratique de méditation laïque inspirée par le bouddhisme qui invite à se connecter à ce qu’on ressent, aux émotions, aux ressentis physiques, aux sons, aux pensées qui se présentent à nous au présent en les accueillant tel que c’est. Jon Kabat-Zinn, un chercheur et professeur en médecine américain, a créé un programme de méditation dont l’objectif est d’aider les personnes à réduire leur niveau de stress. Il s’agit du MBSR : Mindfullness Based on Stress Reduction. En France, la méditation de pleine conscience a notamment été diffusée par Christophe André.
Exploration de la méditation de pleine conscience en sept piliers
Je me suis plongée dans la permaculture à partir de 2020. Cette plongée a été à la fois un apprentissage et une transformation personnelle, complexe qui a pu me dérouter au début. Pour vivre cette transformation, je me suis alors appuyée sur la méditation de Pleine Conscience, que je pratique depuis 2013.
D’octobre 2019 à juin 2020, j’ai suivi un cours d’approfondissement à la pratique de la méditation de pleine conscience avec Nolwenn Huyart, après avoir fait le cycle de huit semaines du MBSR en 2016 avec elle. Pendant ce cours d’approfondissement, nous avons cheminé et pratiqué autour de sept piliers :
- Être pleinement là, pleinement présent
- La patience qui est, ici, la capacité à supporter la douleur et à voir le côté positif des choses ;
- La confiance qui nous permet d’être profondément à l’écoute de nos besoins ;
- L’esprit du débutant qui nous invite à voir le monde avec un esprit frais, ouvert et joyeux ;
- L’acceptation qui est la capacité à accepter les choses et nous-mêmes, tel que c’est, du mieux que nous pouvons ;
- Le non-effort : être là sans lutter, simplement là ;
- Et enfin le lâcher-prise…
Suite à cet enseignement, j’avais expérimenté que ces sept principes pouvaient être transposés et vécus dans mon potager, où j’étais justement en train d’apprendre à jardiner. J’avais pu notamment y expérimenter la patience face au rythme du vivant. Ou encore la confiance envers la force de vie des plantes.
Des interconnexions fertiles entre la permaculture et la méditation de pleine conscience
Ces enseignements résonnaient fortement alors que j’étais en plein apprentissage de la permaculture : il y avait un écho très fort et très fécond entre ces enseignements sur la pleine conscience et l’éthique et les principes de la permaculture.
Alors que j’avais envie de tout faire tout de suite, d’expérimenter immédiatement les nouvelles choses que j’ai apprises, de faire en même temps :
- le compost et le thé de compost et le jardin d’hiver
- le module 2 en ligne de la formation de « Cours de conception en permaculture » et mon design et d’autres designs…
me reconnecter à l’enseignement reçu sur le lâcher-prise m’a aidée à accepter de ralentir. Pas grave si les buttes ne sont pas refaites cette année, pas grave si je ne plante pas toutes mes vivaces à l’automne… J’ai lâché prise sur cette urgence et ce stress de vouloir faire tout, tout de suite. Je me reconnectais à mon écosystème intérieur et je prenais soin de mon état de stress en lui disant doucement : « stress, tu peux partir, je n’ai pas besoin de toi pour faire de la permaculture ».
Franck Gossmann, permaculteur chez Amrita Permaculture, a une façon bien à lui de parler de lâcher-prise. Alors qu’il me parlait de son projet d’installer une oliveraie en Haute-Savoie, il s’exclame, devant ma surprise : « Au pire, ça ne marche pas ! »
Voici quelques correspondances que je fais entre les piliers de la pleine conscience que j’avais étudié et les principes de la permaculture :
- Présence à l’instant présent, pour moi, fait écho au grand principe d’observation en permaculture. On observe pour apprendre, pour connaître, pour ressentir. « Tout est là, tout est déjà là » : c’est une phrase que j’ai entendu bien des fois dans les méditations de pleine conscience. C’est pareil avec l’observation du vivant : c’est là, observons sans analyser avant de faire quoique ce soit.
- Acceptation c’est « Intégrer plutôt que séparer » ou « travailler avec la nature pas contre elle » ; plutôt que de faire comme si mes émotions ou une douleur n’étaient pas là, je les accepte, je les observe, je les comprends profondément telles qu’elles sont là. Je ne les sépare pas de moi et je fais avec « ma nature ».
- Bienveillance résonne avec « Prendre soin de la terre et des humains », un de piliers de l’éthique de la permaculture…
- Non-effort me fait penser à « Stocker l’énergie », comme les plantes qui stockent l’énergie dans leurs racines, dans leurs feuilles, sans effort…
- Patience parle sans équivoque du principe « Patiemment et à petite échelle »
- Lâcher-prise me fait penser au principe « Le problème, c’est la solution » : faire face aux problèmes sans se crisper ni se bloquer. Lâcher pour trouver la solution.
En guise de conclusion
La médiation de pleine conscience nous invite à revenir sans cesse avec bienveillance et douceur à l’instant présent, tel qu’il est, moment après moment ; la permaculture nous invite à « designer » et à redesigner, année après année.
La méditation de pleine conscience, pratiquée avec régularité, permet de réduire le stress et permet donc de redessiner nos connexions cérébrales ; la permaculture nous apprend la perpétuelle mouvance des écosystèmes.
La méditation de pleine conscience nous connecte à notre écosystème intérieur ; la permaculture à nos écosystèmes extérieurs.
La médiation de pleine conscience m’apporte de l’apaisement ; la permaculture m’apporte de l’espoir pour créer un monde d’abondance nourricière et de partage.
Les deux s’interpellent et me nourrissent. Deux « outils » pour mon chemin de vie.