Comment et pourquoi amender le sol de son potager à l’automne ? Pour répondre à ces deux questions, j’ai choisi de cibler deux techniques principalement : l’apport de fumier composté et le paillage de feuilles. L’automne est le moment idéal pour prendre soin du sol de votre potager et de laisser travailler le sol tout seul pour qu’il soit prêt au printemps.

Qu’est-ce qu’un amendement ?

Un amendement permet de nourrir le sol en apportant des matériaux qui vont l’agrader, le rendre meilleur. Contrairement aux engrais qui sont disponibles rapidement pour la plante, l’amendement sera disponible lentement pour le sol puis pour la plante.

Il y a plein de façons d’amender son sol et on peut utiliser :

  • des amendements organiques : compost, fumier, engrais verts, feuilles
  • ou des amendements minéraux : la cendre qui apporte du potassium au sol ; ou le calcaire broyé qui équilibre les sols trop acides ; etc.

Pour être plus précis, si sur 100 grammes d’amendement, on a moins de 7 grammes de minéraux essentiels, alors c’est un amendement et pas un engrais. Il n’y a pas donc pas de risque de surdosage avec un amendement, contrairement à un engrais…

En amendant le sol, on donne de la nourriture « brute » au sol. Cette « nourriture » va être lentement digérée par tous les acteurs du sol. Une fois la matière organique digérée, décomposée, dégradée, cela va donner de la nourriture aux plantes sous forme de sels minéraux et notamment l’azote, le phosphore et le potassium, qui sont les 3 principaux éléments dont les plantes ont besoin.

Il faut faire la différence entre les amendements organiques et les engrais organiques. Ces derniers sont faits à partir de matières organiques, mais ils sont plus riches en fertilisants que les amendements organiques. Il faudra donc veiller à les utiliser avec modération car ils peuvent avoir les mêmes effets négatifs sur le sol que les engrais minéraux ou chimiques s’ils sont utilisés avec excès.

Il a donc de multiples façons de prendre soin de son sol et de le nourrir. Dans cet article, deux techniques simples vont être expliquées ci-dessous. On apporte des amendements à l’automne pour laisser le sol et ses acteurs travailler tout l’automne et l’hiver pour nous. Au printemps, le sol est prêt à être jardiner. On pourra bien sûr faire les apports spécifiques nécessaires à certaines plantes à la belle saison.

Ceci illustre deux principes de la permaculture :

« Faire avec la nature et pas contre elle » : avec ces deux techniques on travaille avec les habitants du sol qui décomposent la matière organique.

« Le plus petit effort pour le maximum d’effets » : on amende à un instant T puis on laisse agir.

Amendements Ateliers Kaléido

Nourrir le sol avec du fumier composté

Amender le sol avec du fumier composté : voilà une technique qui est largement utilisée et recommandée. Le fumier frais étant très riche en azote, c’est pour ça qu’il faut le composter avant de l’utiliser.

Contrairement aux épandages de fumier frais caractéristiques de l’agriculture conventionnelle, amender le sol avec du fumier composté permet d’être plus efficace car plus respectueux de la vie du sol si on l’utilise sans excès. Si on apporte trop d’azote du coup au sol, cela va perturber le cycle de transformation de l’azote dans le sol : l’azote va alors se transformer en nitrates, qui, eux polluent le sol et les nappes phréatiques…

Pour certains auteurs, du fait de leur richesse en azote, les fumiers sont considérés comme des engrais organiques. Prudence et respect des doses !

Apporter du fumier composté a trois avantages principaux :

  • Les fumiers sont plus riches que le compost et ils sont riches en éléments minéraux ;
  • Compostés, le fumier est assaini (destruction des germes pathogènes animaux et résidus de médicaments) et plus facile à utiliser ;
  • Plus facile à trouver en grande quantité et gratuitement que le compost.

Deux types de fumier sont les plus souvent utilisés :

  • Le fumier de vache, qui est le moins riche mais le plus équilibré en fertilisants ;
  • Le fumier de cheval, qui, lui, est plus riche que celui de vache ; il conviendra alors particulièrement pour les cultures de cucurbitacées.

Quant aux fientes des poules, qui sont principalement riches en azote, personnellement, je les ajoute directement dans mon compost car j’ai seulement deux poules.

Comment utiliser le fumier composté à l’automne ?

  • Se procurer du fumier soit en l’achetant, soit en le faisant ou encore en allant le récupérer dans un centre équestre par exemple ;
  • Répandre 2 à 3cm de fumier composté, pailler avec 5 à 10 centimètres de paille ou avec des feuilles mortes et attendre le printemps !

Nourrir le sol avec des feuilles

Voilà une façon de nourrir le sol qui correspond bien à l’esprit de la permaculture : s’inspirer du vivant 😊

Amender le sol à l’automne avec des feuilles mortes au potager revient tout simplement à recréer la litière naturelle qui existe dans la forêt. On nourrit donc naturellement la vie du sol.

Avec quelles feuilles pailler son potager à l’automne ?

Au potager, on va utiliser des feuilles « tendres » car on a besoin qu’elles soient décomposées au printemps pour pouvoir reprendre le jardinage :

Aulne,

Robinier,

Frêne,

Érable champêtre

Érable du Japon

Noisetier

Tilleul

Noyer

Sureau

On utilise ces feuilles là car elles ne sont pas dures voire cireuses comme les feuilles de chêne ou de laurier par exemple.

Où ramasser des feuilles mortes en quantité suffisante ?

Comme il est interdit de ramasser des feuilles mortes dans la forêt, comment faire ? Je vous conseille de ramasser des feuilles mortes de préférence sur un chemin agricole ou sur un bord de route peu fréquentée. Pourquoi ? Parce ces feuilles tombées sur une route (caillouteuse ou bitumée) ne vont pas manquer à l’arbre d’où elles sont tombées car elles peuvent difficilement se décomposer sur le bitume ou sur des cailloux…

Il faut aussi veiller à respecter le besoin des arbres au pied duquel on va ramasser les feuilles. Dans son excellentissime livre sur le compost et les paillages, Denis Pépin recommande de ramasser la moitié des feuilles.

Comment amender avec des feuilles mortes ?

  • Aller ramasser des feuilles et en profiter pour s’émerveiller des beautés de l’automne ;
  • Désherber les planches de culture à amender ;
  • Recouvrir d’une couche de feuilles équivalente en épaisseur à celle que vous observez sous les arbres. Cela peut vous sembler approximatif mais c’est la meilleure façon de faire : observer comment fait le vivant et l’imiter ! Même pour décider de la quantité de feuilles à mettre au sol 😉
  • Super astuce pour empêcher que les feuilles ne s’envolent (merci Denis Pépin !) : rajouter sur les feuilles soit du grillage, soit les branches d’une taille de haie qui trouveront ici une utilisation optimale !

Et le compost, les engrais verts, etc. ?

Et le compost alors ? On peut absolument amender le sol avec du compost mais le tout est d’en avoir suffisamment en quantité. Si vous voulez amender avec le compost à l’automne, vous pouvez par exemple utiliser du compost demi mûr, celui qui est prêt au bout d’un à trois mois, qui finira de se composter en place jusqu’au printemps. Apportez une pelle ronde mètre carré et pailler.

Personnellement, je préfère tamiser mon compost mûr à l’automne et à l’utiliser soit :

  • Pour faire des plantations d’arbres à l’automne
  • Pour amendements les petits fruits à cette même période
  • Mais surtout pour faire mes semis puis mes plantations au printemps.

Quant aux engrais verts, ils sont très intéressants mais mes expériences ratées de semis à l’automne ne me permettent pas d’en dire plus… Sauf qu’il faut semer très tôt (fin août début septembre en Haute-Savoie) pour pouvoir bénéficier de leurs avantages pendant l’hiver.

Pour finir : quelques conseils à retenir

  • Les amendements ne sont pas enfouis dans le sol ou seulement sur les premiers centimètres pour respecter le fonctionnement et l’organisation de la vie dans le sol ;
  • Il y a beaucoup de façons de faire : il vous faudra donc faire vos propres expériences et trouver votre propre façon de faire ;
  • Ce qui va de pair avec le bon sens : faire avec ce qu’on a sous la main, ce qui vous avez à votre disposition, ce qui est le plus facile et le plus simple pour vous ;
  • Dans tous les cas, il faut apporter une nourriture variée au sol et sans excès.

Pour aller plus loin

Je vous conseille l’excellent « Le guide Terre Vivante – Compost et paillages », Denis Pépin, Éditions Terre Vivante.