Dans cet article, j’aimerais partager avec vous les bases de la multiplication végétale. Pourquoi ? C’est facile, c’est joyeux, et c’est gratuit ! En plus, ça nous incite à plus d’autonomie et ça nous amène à découvrir encore plus le monde du Vivant ! J’ai choisi de vous parler de multiplication végétale à l’automne, car c’est un moment au jardin où on a plus de temps. C’est parti pour la multiplication végétale !

Définition et intérêt de la multiplication végétale

Qu’est-ce que la multiplication végétale et quel intérêt pouvons-nous avoir à multiplier nous-mêmes nos propres plantes ?

Faire de la multiplication végétale, c’est reproduire une plante de façon non-sexuée. En cela, le monde végétal est très intéressant et plus fort que nous, les humains ! Les plantes produisent des graines, pour la majorité d’entre elles. Mais vous aurez sûrement remarqué qu’elles peuvent se multiplient dans la nature de deux façons :

  • en produisant des graines qui vont être diffusées par les animaux, le vent, etc. ;
  • et par leurs systèmes racinaires.

Avez-vous déjà observé la facilité qu’on, par exemple, l’ortie ou la ronce à se multiplier ? L’ortie utilise son réseau de rhizomes pour s’étendre ; et la ronce fait du marcottage toute seule, comme une grande 😉. Marco-quoi ? Nous allons y revenir…

En prélevant une partie de la plante, une tige, on va pouvoir obtenir une nouvelle plante : la multiplication végétale est donc un mode de multiplication végétative, non-sexuée.

En plus de cette définition, quels sont les intérêts de la multiplication végétale ?

Du point de vue de la botanique, le fait de la reproduire de façon végétative permet de créer un véritable clone de la plante. Trop fortes les plantes : si on nous coupe un doigt et qu’on le met dans un pot de terre, ça ne refait ni doigt ni un être humain ! Blague à part, la reproduction végétative est plus efficace car, chez les plantes, la reproduction par la graine peut produire des variations génétiques (là, les êtres humains sont pareils que les plantes 😉). C’est là le principal intérêt de la multiplication végétale d’un point de vue technique.

L’autre intérêt majeur de multiplier ses végétaux, c’est l’autonomie, avec en plus, la possibilité de faire d’importantes économies ! Produire ses propres plantes nous invite à être autonomes :

  • On apprend par soi-même : c’est facile et c’est tellement vivifiant comme apprentissage !
  • On comprend de mieux en mieux les plantes et le Vivant, ça nous connecte ou reconnecte.
  • Et, en effet, on fait des économies.

Quand multiplier : deux périodes privilégiées

Si dans cet article, je mets en avant l’automne comme période propice à la multiplication végétale, on distingue deux périodes principales : au printemps et à l’automne (donc 😉). Ces périodes correspondent au cycle de vie de la plante : au printemps quand le développement de la plante reprend, et à l’automne, à l’inverse, pour laisser plus de temps aux racines de s’installer avant et pendant l’hiver.

Au printemps, on va faire ce qu’on appelle des boutures « en vert » car on va prélever des parties de la plante dites « molles », qui n’ont pas encore durcies, qui ne sont pas transformées en bois (ce qu’on appelle la lignification).

A l’automne, on va faire ce qu’on appelle des boutures « aoûtées » ou « sur bois aoûté » car on va prélever des tiges qui se seront lignifiées. Rémi Kulik, du Jardin d’Emerveille, résume les choses ainsi :

  • Pour les boutures « en vert », le développement des racines est plus rapide au printemps mais le risque de pourrissement de celles-ci est plus élevé ;
  • Pour les boutures « aoûtées« , c’est donc l’inverse ; les racines se développent plus lentement mais le risque de pourrissement est moins élevé.

Des techniques simples adaptées à chaque type de plante

La multiplication végétale, c’est assez simple à mettre en œuvre, il y a plusieurs techniques. Par contre, on n’est pas sûr que ça marche à tous les coups et ça demande de la patience😉 !

On prélève en général les parties jeunes de la plante car cela donne de meilleurs résultats : bois de l’année sur la partie apicale (c’est-à-dire le haut de la tige), ou partie proche des racines. Dans ce tableau, je reprends synthétiquement les différentes techniques présentées dans le numéro du magazine « 4 saisons » cité en référence.

Bouture dans l’eau

Comment ?
Très facile à mettre en œuvre. On coupe la partie apicale -on parle de « boutures molles »- de la plante et on la plonge dans l’eau de pluie pour qu’elle développe des radicelles : tige de 8cm pour une herbacée et 20cm pour un arbuste. Rajouter quelques petits morceaux de charbon de la taille d’un sucre pour limiter les maladies.
Est bien adaptée à :
Toute plante d’appartement comme impatiens, papyrus (tête dans l’eau), misère, etc.
Arbustes : cornouiller, ronce, sureau. Grimpantes : bignone, laurier-rose, lierre. Arbres : figuier, saule
Dans quoi rempoter ?
Passage un peu délicat car les radicelles sont fragiles.
Rempoter dans un mélange très léger : 60% terreau de semis + 20% compost tamisé + 20% sable ou vermiculite. Tasser très légèrement et arroser. C’est un rempotage intermédiaire.
Bouture simple

Comment ?
Prélever des rameaux de l’année. Si on prélève beaucoup de végétaux, il faut les mettre dans de l’eau au fur et à mesure. On recoupe en enlevant la partie du haut, trop molle : on garde une tige de 18-20cm en sectionnant à 5mm sous un nœud (=naissance d’une feuille). On enlève aussi les feuilles du bas et on place dans le substrat.
Enfoncer la tige de moitié dans le substrat. Arroser tout doucement. A conserver en serre froide jusqu’au printemps.
La taille du pot est fonction de la taille de la plante.
Est bien adaptée à :
Vivaces : œillet, asters, achillée, campanule. Arbustes : Eléagnus, spirée, troène, sureau, indigotier, viorne
Rosiers, selon la génétique. Petits fruits : groseilliers, cassissiers, mûres, vignes
Dans quoi rempoter ?
Mélange de 50% de terreau de semis + 30% de terre légère + 20% de compost très mûr + un peu de sable pour drainer.
Bouture à talon

Comment ?
Sur bois aoûté/durci. On prélève sur la plante un rameau avec un « talon » de la branche mère : cela fait plus de surface pour que les racines se développent ensuite. Le rameau est robuste et bien ramifié, en pleine santé. La bouture fait une dizaine de centimètres.
Est bien adaptée à :
Plantes ligneuses : Hélichryse, lavande, sauge arbustive, sauge officinale, éléagnus, lilas, spirée, sureau, viorne, romarin. Rosiers et plantes grimpantes : bignone, chèvrefeuille, clématite, jasmin, vigne.
Dans quoi rempoter ?
50% de terreau de semis + 30% de compost mûr + 20% de sable
Bouture de racines

Comment ?
Déterrer la racine au pied du pied-mère. Prélever une racine faisant le diamètre d’un crayon idéalement en essayant de conserver un maximum de radicelles.
Faire des tronçons de 5 à 10 cm
Est bien adaptée à :
Consoude, acanthe, aster, primevère, pivoine, menthe, raifort
Dans quoi rempoter ?
40% de terreau de semis + 30% de terre du jardin + 30% de sable
Division des touffes ou des bulbes ou rhizomes ou racines tubéreuses

Quoi
On divise les touffes (exemple aster), les bulbes (narcisses), les rhizomes (iris) ou les racines tubéreuses (pivoines)
Comment ?
Sur des sujets bien établis et quand le sol est humide, prendre les plus belles touffes à la périphérie
Est bien adaptée à
Légumes et aromatiques perpétuels : ciboule, ciboulette, estragon, oseille, menthe, serpolet, chénopode bon Henri.
Hémérocalle, aster, marguerite, achillée, échinacée, népéta, rudbeckia
Bulbes et rhizomes : iris, tulipes, narcisses, etc.
Dans quoi rempoter ?
Directement en terre ou dans un terreau de rempotage classique.
Techniques de multiplication végétale

Ne bouturer qu’en automne ?

Dans ce tableau, il y a des exemples de plantes qu’on peut bouturer à l’automne. Rémi Kulik, lui, ne donne pas d’indications sur les plantes qui se bouturent plus facilement à l’automne (sur bois aoûté) ou au printemps. Il cite l’exemple de la verveine pour laquelle il est conseillé de bouturer à l’automne. Sa pratique l’a amenée à conclure que, pour lui, les boutures de verveine réussissaient mieux en vert, au printemps.

Il y a d’autres techniques qui ne sont pas détaillées dans ce tableau :

  • Boutures de feuilles, qui fonctionnent notamment pour les plantes grasses ;
  • Le marcottage : cela consiste à courber une branche périphérique sur une plante et à mettre cette branche en contact avec la terre. Il faut la maintenir avec une pierre, un piquet. Au printemps, les racines se seront développées en terre. Ça fonctionne très bien pour les petits fruits.
  • On peut aussi bouturer directement en terre, sans passer par l’étape de rempotage, sur son terrain, à un endroit qu’on aura choisi spécialement pour ça.

Comment savoir si ça a marché ?

Vous saurez si ça a marché si les quelques feuilles restantes sur la bouture tombent, paradoxalement. En fait, la feuille tombe quand une future feuille s’est installée à l’aisselle de la feuille précédente. Donc, c’est bon signe. Si, à l’inverse, les feuilles brunissent à moitié et restent en place, c’est mauvais signe…

De quel matériel aurez-vous besoin pour faire des boutures ?

  • D’un sécateur pour prélevée les tiges à bouturer ;
  • D’un couteau très bien aiguisé, type Opinel pour couper le bas des tiges fines ;
  • D’un flacon d’alcool à 70° pour désinfecter ;
  • D’une paire de ciseaux pour couper les feuilles restantes sur la bouture ;
  • De chiffons ;
  • D’une surface très propre pour couper les tiges, comme une planche en bois, voire en verre ;
  • De pots de tailles différentes selon la plante à bouturer ;
  • Du terreau spécial rempotage : du terreau propre, neuf, qui sort du sac.

Rémi Kulik insiste beaucoup sur l’hygiène quand on fait des boutures : les plantes pouvant développer des maladies, comme nous, l’hygiène permet d’augmenter nos chances de succès pour faire de la multiplication végétale.

Mettre toutes les chances de son côté

Outre l’hygiène, voici d’autres conseils importants à suivre :

Limiter l’évapotranspiration

Quand on fait une bouture (simple ou à talon), on cherche à « dire » à la plante « développe tes racines ! ». C’est pourquoi on va couper les quelques feuilles restantes de moitié, pour limiter au maximum l’évapotranspiration.

Où installer mes boutures pendant l’hiver

Terre Vivante conseille de laisser les plantes bouturer dans un endroit où les conditions vont restées les plus stables pendant l’hiver : en ensoleillement et en hygrométrie. Vous pouvez donc laisser vos futures plantes dans une serre froide ou dans un coin isolé du vent, comme un mur au nord.

Sur le terreau

Dans le numéro de Terre Vivante, les techniques de multiplication principales sont listées, avec un certain nombre de végétaux adaptés à la technique (revoir le tableau ci-dessus). Les types de terreau de rempotage sont très bien détaillés : c’est pour faire soi-même ses propres mélanges. Sinon, un bon terreau de rempotage/bouturage fait très bien l’affaire. Dans tous les cas, il faut du terreau léger pour faciliter le développement des racines.

Il est aussi important de tasser le substrat dans votre pot, toujours pour bien mettre la tige en contact avec et favoriser le développement des racines.

Conclusion : « l’imagination comme seule limite ! »

Ce principe de la permaculture nous invite joyeusement à faire nos propres expériences de multiplication végétale, car beaucoup de plantes se bouturent. Alors : à vos sécateurs !

Références

Éric Lenoir, « Grand traité du jardin punk », Editions Terre Vivante

La formation « Jardin-Forêt » des Alvéoles : https://cours.universite-alveoles.fr/jardin-foret/

Cette vidéo de Rémi Kulik, que je vous conseille de regarder : https://youtu.be/reredhH2Abg?si=1NkGcjGtjACKlgOv

Le numéro 250 du magazine « 4 saisons » de Terre Vivante : « L’art de la multiplication – Bouturer, diviser et marcotter – Reproduire ses plantes à l’automne ».