La rentrée de septembre me donne l’occasion de vous parler de Kaizen et de permaculture. A cette période, il y a comme un nouvel élan qui nous donne envie de changer ou d’améliorer des choses ou nos façons de faire. C’est un rapprochement auquel je pense depuis quelques temps et c’est le bon moment de vous livrer mes réflexions sur ces deux concepts ou méthodes voire philosophies qui peuvent changer notre vision du monde et améliorer notre quotidien.

Un mot et une méthode qui viennent de l’industrie…et du Japon

J’ai découvert ce mot avec le magazine Kaizen, dont le sous-titre était à l’époque « Construire un autre monde, pas à pas… ». Mais, au fait, qu’est-ce que ça veut dire Kaizen ?

Le mot Kaizen

Kaizen (改善) est composé de deux mots japonais, « kai » et « zen », « kai » voulant dire « changement » et « zen » « meilleur ».. Je rajoute qu’on trouve plusieurs traductions de zen : bon, vertu, esprit pur…

En français, on le traduit habituellement par « amélioration continue ». Au-delà du mot, Kaizen correspond une méthode issue de l’industrie et par extension à un état d’esprit permettant de changer son quotidien par des petites actions qui auront un impact sur le long-terme. Voyons cela plus en détails.

Une méthode industrielle utilisée au Japon

Pendant la seconde guerre mondiale, la méthode a été utilisée aux Etats-Unis pour produire avec ce qui était disponible, vu les moyens limités à disposition au travers d’une stratégie appelée « Training Within Industry ». Après la guerre, la méthode a été utilisée comme méthode visant à faire des économies et améliorer les processus.

La méthode a été rendue célèbre par Toyota qui l’a intégré à sa culture d’entreprise « Toyota Way » en l’utilisant au début pour traiter les problèmes sur leurs lignes de production au fur et à mesure qu’ils apparaissaient. Dans le monde de l’entreprise « Kaizen » est, en général, synonyme de contrôle qualité.

Pour Masaaki Imai, le fondateur du Kaizen Insitute, la méthode Kaizen inclut aussi la notion d’implication et de discipline de chacun.e. C’est donc une amélioration continue ET quotidienne : on ne se « repose pas sur ses lauriers » quand on a fini quelque chose, on continue. Cela concerne tous les acteurs de l’entreprise à tous les niveaux et les managers doivent montrer l’exemple. C’est donc une méthode continue, quotidienne, impliquant tout le monde et à tous les niveaux.

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Schéma du Kaizen, selon le Kaizen Institute

C’est plus que de la résolution de problème : le Kaizen est un état d’esprit et une attitude qui accompagne et façonne le quotidien au fur et à mesure des petites améliorations lentes et graduelles qui produisent des résultats à long-terme.

Au niveau des salariés et des individus, c’est la méthode PDCA ou roue de Deming qui est utilisée pour concrétiser et vivre le Kaizen, synonyme d’amélioration continue et itérative des processus et des produits.

Rendre concret le Kaizen avec la démarche PDCA

N’étant pas une spécialiste du management ni de l’industrie, j’ai choisi de reprendre la démarche PDCA pour rendre plus concrète la méthode Kaizen. Certain.e.s d’entre vous la connaissent sûrement. Elle est aussi connue sous le nom de « Roue de Deming » et est composée de 4 étapes :

  1. « Plan » = planifier : il s’agit d’analyser puis de définir le processus qui permettra d’atteindre les objectifs ;
  2. « Do » = faire : cette étape correspond à la mise en œuvre de votre projet ;
  3. « Check » = vérifier : on regarde comment ça s’est passé, on évalue, et on repère les points d’amélioration ;
  4. « Act » ou « Adjust » = passer à l’action ou ajuster : on met en place les améliorations.

Cette méthode n’est pas linéaire, mais itérative : on peut améliorer les choses en continu en cherchant à créer un cercle vertueux.

Ce qui est important avec le Kaizen c’est non seulement de se fixer des objectifs précis mais aussi d’identifier et d’éliminer les « déchets », ce qu’il y a en trop, ce qui n’a pas marché dans nos actions et dans notre travail. C’est de l’observation de notre processus, de nos processus.

La méthode des petits pas : méthode de développement personnel

Comme l’écrit le magazine Kaizen : « Le Kaizen, c’est l’art d’améliorer chaque jour, pas à pas, pour transformer de petits changements en grand succès ».

C’est pour ça qu’on appelle le Kaizen « la méthode des petits pas », et que de l’industrie, il est aussi devenu une méthode de développement personnel pour changer sa vie et ses habitudes.

Pour changer ses habitudes, il s’agit alors de définir une micro action qui constitue un changement minuscule pour démarrer. Cela repose sur le fait que notre cerveau ne va pas se décourager devant des objectifs trop grands. Intéressant, non ?

Par exemple, si je veux méditer 30 minutes par jour, alors je commence par méditer pendant une respiration complète, puis 2 respirations le lendemain, et ainsi de suite.

Ce qui est important c’est aussi de célébrer les petites victoires et de valoriser le processus.

kaizen petits pas ateliers kaleido
Pas japonais dans le parc de Takamatsu

Kaizen et permaculture

Quand j’ai commencé à écrire cet article, j’avais repéré quelques parallèles entre la méthode Kaizen et la permaculture. Il y en a plus que je ne pensais 😊.

Les principes communs

Parmi les principes de la permaculture, on peut au moins en trouver trois qui ont un lien direct avec le Kaizen :

« Lentement et à petite échelle »

Pour moi, l’un des principes de la permaculture qui m’inspire le plus est « Lentement et à petite échelle ». On retrouve bien l’idée d’aller pas à pas, d’amélioration continue de la méthode Kaizen.

« Observer et interagir »

Le principe « Observer et interagir » se retrouver aussi dans le Kaizen. En permaculture, l’observation est primordiale pour apprendre à connaître son environnement, reconnaître les interactions dans son écosystème et interagir avec lui et apporter les améliorations qui sont nécessaires.

« Ne pas produire de déchets »

Et enfin le principe « Ne pas produire de déchets » est le troisième principe qu’on peut mettre en parallèle avec la méthode Kaizen. Dans le Kaizen, on chercher à éliminer les « déchets », ce qui ne marche pas, pour aboutir à une amélioration.

Une approche méthodologique semblable

La permaculture utilise une méthode de design qui, elle aussi, est issue de l’ingénierie industrielle, et qui est très répondue en France : la méthode OBREDIM. Je trouve qu’elle est très proche de la méthode PDCA.

Cette méthode de conception d’espaces nourriciers ou agricoles avec la permaculture est aussi une méthode non linéaire et itérative comme le Kaizen : on observe (O) ; on analyse les bordures ou limites (B) et les ressources (R) existants ; on fait le Design (D) en définissant les objectifs et le plan d’actions ; on met en place (I pour implémentation) et on fait la maintenance (M). Dans le schéma ci-dessous, on voit clairement qu’il y a des allers-retours entre les différentes étapes.

Enfin, les fondateurs de la permaculture avaient l’habitude de dire « Design and Re-Design » : le design n’est jamais fini. On commence (Design) puis on continue ou recommence (Re-Design) 😉. Comme dans le Kaizen.

méthode obredim Université des Alvéoles
La méthode OBREDIM, source : Université des Alvéoles

Est-ce que j’applique le Kaizen ?

Pour dire vrai, je n’applique pas le Kaizen de façon systématique. Par contre, je me me sers surtout de deux choses qui correspondent à l’état d’esprit du Kaizen et me permettent d’améliorer ma vie au quotidien. Ma façon de vivre le kaizen se résume à 2 choses :

  • M’observer et observer ce qui fonctionne et surtout ce qui ne fonctionne pas puis trouver les solutions qui me font gagner du temps et de la sérénité.

Par exemple, j’ai beaucoup de mal à publier directement sur Instagram depuis mon smartphone… Je ne sais pas vous, mais personnellement, je galère énormément dès que dois ajouter du texte dans un reel…

La solution que j’ai trouvée est finalement de faire le reel dans Canva et de le publier ensuite ! Même si je n’utilise pas directement Instagram (ce que certains spécialistes d’Instagram recommandent de faire), j’ai dépassé ce blocage, j’ai éliminé ce déchet en trouvant ma propre solution : je gagner du temps, je suis moins stressée et je suis plus contente !

  • Penser au « prochain petit pas »

Ça m’arrive régulièrement de me sentir dépassée ou débordée ou découragée par tout ce qu’il faudra faire pour que le monde change…ou, à mon petit niveau personnel, tout ce que je dois faire dans une semaine où dans une journée. Alors, je me pose tout simplement la question : « quel est le prochain petit pas ? ». Cette habitude me vient d’un de mes formateurs en permaculture.

Quand il s’agit d’un sujet qui me tient à cœur et qui me stresse en même temps, car j’ai envie de réussir, je m’interroge alors en me demandant : « quel est le prochain petit pas ? ». Cela me permet de revenir au moment présent et de définir plus facilement la prochaine petite tâche que je vais accomplir pour avancer.

Pour conclure

En cherchant à comprendre ce qu’était le Kaizen, j’ai d’abord été déçue quand j’ai appris que cela venait du monde l’industrie et que la méthode avait été introduite depuis les États-Unis vers le Japon après la deuxième guerre mondiale…Pas très philosophique et pas complètement japonais 😉. Et très loin de la philosophie des petits pas et de l’état du colibri que met en avant le magazine Kaizen…

Mais la force de l’approche Kaizen c’est qu’elle nous permet d’analyser nos processus et nos habitudes pour nous permettre de les améliorer. Sa force repose aussi sur le fait que les actions de changement à entreprendre doivent être peu coûteuses, prendre peu de temps et faciles à mettre en œuvre.

Pas à pas. Lentement et à petite échelle, une fois de plus !

Références

https://www.kaizen-magazine.com/

https://www.colibris-lemouvement.org/magazine/kaizen-magazine-qui-rend-sobre-et-heureux

https://fr.wikipedia.org/wiki/Kaizen

https://fr.indeed.com/conseils-carrieres/developpement-personnel/kaizen

https://www.marieclaire.fr/methode-kaizen-developpement-personnel,1435496.asp

Et le Kaizen Institute.